lundi 5 mars 2018

POESIES

II pleut un crachin dans le soir...

Il pleut un crachin  dans le soir d’un automne,
Ma cigarette se mouille, il fait froid.
Je promène mes pensées au large,
Les laissant errer au mouvement des vagues

Il pleut un crachin  dans le soir d’un automne,
Ici, il fait encore jour, ailleurs le jour est déjà passé,
Et quelque part aussi le jour se lève
Et peut-être même qu’il y fait beau

Il pleut un crachin dans le soir d’un automne,
En Cochinchine, il fait nuit et il pleut aussi,
Les Jonques sont à quai, les femmes assoupies
Attendent demain pour regagner la rizière

Il pleut un crachin  dans le soir d’un automne,
Un bateau, le ventre plein de riz,
Fait route vers le port de Dar es Salaam
Où sévit une grande famine

Il pleut un crachin  dans le soir d’un automne,
A l’ouest des Amériques, on prend les nouvelles,
Celles que nous avons déjà lues
Du tremblement de terre en Turquie

Il pleut un crachin  dans le soir d’un automne,
Près d’Ankara, dans la nuit, des blessés gémissent,
A Los Angeles, la presse du matin
Annonce qu’un village turc a été détruit


Il pleut un crachin  dans le soir d’un automne,
Au Brésil, dans les forêts profondes on saigne
Les arbres à caoutchouc, et à Rio on se prépare
Déjà à danser la samba

Il pleut un crachin  dans le soir d’un automne,
Deux tribus africaines se livrent une guerre
Fratricide et sans merci
Et personne ne sait bien pourquoi ?

Je pleure des larmes d’automne,
Ma cigarette s’est éteinte
Je suis là sous la pluie
Ecoutant le ressac de l’océan

Sur mon visage coule un crachin d’automne
Cachant et lavant mes larmes,
Le monde tourne tout en rond
La vie commence et finit inlassablement.

Michel Turk


Poème en Prose

Donne aux mots les couleurs qu’ils méritent

Donne-leur un frisson
Fais les peindre, fais les rêver
Donne-leur de la puissance
Afin de les faire encore parler
Afin de les laisser dire, imaginer
Echanger et vivre.

Crains qu’un jour  ils ne parlent plus
Ou si peu
Qu’ils ne désignent plus que la matière
Crains le jour où la musique ne sera plus que son

Saches pourtant que le mot doit parfois heurter,
Choquer, percuter

Quelque part en Afrique
Là où la terre est aussi généreuse qu’ingrate
Un enfant joue près d’un tas d’immondices
Insouciant, croirait-on
Des poules picorent près de l’enfant
A coté coule le fleuve
Des chèvres arrachent quelques feuilles
De quelques arbustes décharnés

Des blancs viennent au village
Apposer à l’école des affichettes qui parlent de Sida
C’est le jour de la vaccination contre la variole
Le docteur blanc sort son stéthoscope

Les villageois regardent le camion qui repart
Ils ne voient plus qu’un nuage de poussière
C’est l’heure de tirer l’eau du puits
Deux ânes tournent autour
Les outres dégoulinantes montent à la surface
Les femmes arrivent avec les enfants
Elles causent et rient tandis qu’ils s’amusent
Le mil est déjà pilé

Un hippopotame ouvre grand sa gueule au milieu du fleuve
Des arbres faméliques recherchent un peu d’eau
L’enfant n’est plus tout seul au milieu du tas d’immondices
Le soleil décline sur l’horizon

La semaine dernière des hommes sont venus d’ailleurs
Ils ont tué quinze des nôtres et sont repartis
Nous avons pleuré nos morts
Nous les avons portés en terre selon la coutume
Les hommes armés sont repartis ailleurs
Un enfant triste va jouer sur le tas d’immondices

Michel Turk

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